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  • « Cols Enchantés », Nathalie Blanc, janvier 2004

    « A travers cette exhibition organique se joue une tentative, naïve peut-être, de faire la dissection des sentiments et des pulsions, d’en neutraliser la violence anarchique émotionnelle par une autre, ordonnée, clinique, chirurgicale.
    Je recompose, j’invente, la coupe nette et franche, l’image sublimée d’une anatomie de l’âme et du corps.
    J’opère à l’aide d’instruments de médecine factices les effractions, les traumas.
    Je réanime l’innocence des sentiments, les songes et les récits de l’enfance.
    J’ausculte sous la loupe scientifique le sexe de la femme pour lui donner à voir l’invisible , l’inquiétant, l’insondable.

    COL : Partie rétrécie, passage délicat, stratégique où s’opère l’autopsie du désir, de ses mécanismes, de ses contradictions et de ses délires.
    Zone circonscrivant une ouverture étroite où gîte le mystère des organes sexuels, de la jouissance, de la physiologie immanente…Là, je m’enfuis et m’enchante, parfois.

    Le dessin très minutieux ainsi que la technique de peinture appliquée soulignent la fluidité et la douceur des reliefs qui s’étirent, ondoient, suivant un processus de réalisation, infiniment long.
    Progressivement, se construit un univers, des familles, des séquences : au total 25 peintures à la gouache (format 56/76cm)

    Organes, orifices, objets, ornements, pâles statues, reliques précieuses, pétrifiés, immobiles, méticuleusement répertoriés, ordonnés, se succèdent selon une sorte de mise en abîme du désir et de ses formes renouvelables à l’infini.
    Allégorie fantasmagorique où défilent des cortèges de masques, armures, bandelettes, prothèses, accessoires que les corps vivants ont désertés, gisants ou linceuls…A l’intérieur desquels, ressurgit le corps idéal, ou plutôt les parties de son anatomie, ingérées, transformées, réduites.
    Le rouge cerne les contours, enserre les formes, c’est la note majeure, tantôt joyeuse, tantôt grave. Le rouge, c’est la force vitale qui jaillit et la force qui emporte, enlace, étreint, brûle, glace, anéantit…La couleur de l’extrême, de la douleur et du plaisir quintessenciés.  
    De l’ensemble de ces peintures émergeront des excroissances charnelles, des objets résiduels, de cuir et de pics métalliques, de matières douces et luisantes. 

    La recherche de cette jeune artiste s’enrichit au cours de voyages au Japon. Là, accueillie par l’école d’art de Kanazawa, elle expose son travail et dirige un atelier de création avec des étudiants. Ainsi, elle a l’occasion de sonder le regard d’une nouvelle génération imprégnée d’une culture qui associe le sexe au rituel, à un certain raffinement fétichiste et à une esthétique singulière.

    Dans le projet PIP (Projet d’Initiation Prioritaire), la correspondance paraît significative dans l’expression d’une contention d’esprit ajustée aux lignes du corps, dessinant des formes galbées, affinées et resserrées, précisant un contour lisse, une matière dense et polie. Des déclinaisons d’objets ludiques, proportionnés au corps, invitent à une gymnastique régressive, ritualisée.
    Préludant à cette dernière exposition, des dessins et aquarelles : des études de motifs symétriques, des silhouettes transparentes échancrées, dentelées comme d’insaisissables figures abstraites, chimères, héroïnes sacrifiées, figées dans l’espace de l’instant, l’espace intemporel de l’extase.
    Anatomie d’une féminité irréelle, onirique, polymorphe, irréductible, douce et violente, insatiable et impénétrable, livrée à l’empire de ses désirs, offerte à toutes les métamorphoses, tous les excès, tous les supplices, tous les morcellements de son âme et de son corps.
    Déjà, la série de pièces en verre intitulée «Vases de Chair» préfigurait une représentation hyperbolique du désir : «mon intériorité organique retournée comme un gant », contraignant la chair du verre à des torsions et distorsions, enroulements, continuité de l’espace du dedans et de l’en-dehors. »

    Nadine Blandiche et Véronique Maxé

    *** Exposition à la Galerie Albert Benamou/Veronique Maxé, du 21 janvier au 15 mars 2004 ***